L’éducation du goût commence très tôt

Pendant la grossesse votre bébé a déjà été exposé, par la déglutition du liquide amniotique, à divers composés aromatiques qui sont fonction de votre alimentation.

  • Ainsi des bébés dont les mères ont consommé des produits anisés pendant la grossesse sont plus attirés par cette saveur.
  • De même la consommation de carottes par la femme enceinte augmente l’attirance pour les carottes à 6 mois .

L’enfant nourri au sein est familiarisé avec différents arômes car le goût du lait se modifie en fonction des aliments consommés par la mère. L’exposition à ces différentes flaveurs favorise l’acceptabilité ultérieure d’aliments nouveaux, porteurs de ces arômes.

Ainsi la consommation de carottes pendant l’allaitement développe chez le bébé une préférence pour les céréales préparées avec du jus de carottes plutôt qu’avec de l’eau. Cette préférence n’existe pas chez les nourrissons qui n’ont pas été exposés à cet arôme .

L’enfant nourri au biberon reçoit un lait à goût constant mais le goût du lait artificiel peut influencer les préférences gustatives ultérieures. Les nourrissons qui reçoivent certains hydrolysats (laits pour enfants allergiques au lait de vache) avec des goûts particuliers (saveurs acide ou amère, arômes de brûlé) dès les premiers mois de leur vie acceptent ces arômes à 7 mois et ½, alors que ceux qui n’en ont jamais reçu les refusent.

Une exposition aromatique précoce peut donc influencer les préférences alimentaires ultérieures. On a ainsi montré que des enfants ayant consommé du lait artificiel vanillé, préféraient à l’âge adulte un ketchup très légèrement vanillé par rapport à des adultes qui avaient été allaités.

Prévenir la néophobie alimentaire : bien tout diversifier avant l’âge de 18 mois

Pendant la diversification alimentaire, l’enfant passe d’une alimentation lactée à une alimentation se rapprochant progressivement de celle de l’adulte, avec des saveurs, des arômes et des textures variées. A l’âge de la diversification les aliments dont les arômes ont déjà été rencontrés in utero ou lors de l’allaitement sont mieux acceptés. Si l’ingestion d’un nouvel aliment n’entraîne pas d’effets indésirables, il sera considéré comme «non toxique» et sera plus aisément consommé lorsqu’il sera proposé ultérieurement, selon la notion de « sécurité apprise » (5).

L’acceptation initiale d’un aliment, et le nombre d’expositions nécessaires pour une bonne acceptabilité, varient selon la saveur et la texture de cet aliment: il est souvent plus difficile de faire accepter des saveurs acides ou amères, ou des textures granuleuses ou collantes.

Souvent les mères délaissent un aliment refusé plusieurs fois, alors que si l’on persiste à proposer cet aliment, l’enfant finit par l’accepter et l’apprécier. Une étude a montré qu’un légume non apprécié par l’enfant et proposé malgré tout 1 jour sur 2 pendant 8 repas était mieux accepté chez 84% des enfants et que chez 70% d’entre eux la consommation de ce légume devenait identique à celle des légumes habituellement appréciés.

Si l’on varie les aliments proposés chaque jour, l’acceptabilité d’aliments nouveaux est facilitée. A l’âge de la diversification, la comparaison entre des nourrissons allemands recevant tous les jours la même purée de carottes et des nourrissons français recevant 3 légumes différents alternés chaque jour a révélé que les petits français acceptaient plus facilement de nouveaux légumes, et que cette acceptabilité facilitée d’aliments nouveaux persistait plusieurs mois chez les enfants qui avaient été allaités .

La diversité alimentaire précoce permet ainsi une diminution des réactions de néophobie qui apparaissent vers la fin de la 2e année.

L’acceptation d’aliments en morceaux dépend du développement des compétences de mastication – déglutition et de l’éruption des dents. Elle est facilitée par une introduction précoce d’aliments à texture moins lisse. On a montré que des enfants de 15 mois qui n’avaient reçu des aliments grossièrement mixés qu’après 10 mois étaient plus difficiles.

L’acceptabilité des nouvelles saveurs et de nouvelles textures varie beaucoup d’un enfant à l’autre. Elle est favorisée par la convivialité avec la découverte de nouveaux aliments en famille. Le repas ne doit pas devenir conflictuel en cas de refus.

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